L’OCUFA exprime ses inquiétudes quant aux « consultations » du gouvernement sur la rémunération du secteur public

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L’OCUFA s’inquiète des motifs à l’origine des « consultations » du ministère des Finances sur la rémunération des travailleurs du secteur parapublic. Il devient de plus en plus manifeste que ces consultations ne sont pas menées de bonne foi et font plutôt partie du programme politique du gouvernement de Ford qui vise à miner les droits des travailleurs et des syndicats en Ontario.

Lors de la consultation avec les intervenants de l’éducation postsecondaire le 3 mai, la présidente de l’OCUFA, Gyllian Phillips, a clairement indiqué ces préoccupations dans sa déclaration d’ouverture :

Merci, je m’appelle Gyllian Phillips, et je suis présidente de l’Union des associations des professeurs des universités de l’Ontario (OCUFA), qui représente 17 000 professeurs de 29 associations membres – dont la plupart participent aux consultations aujourd’hui.

Les universités de l’Ontario traversent une période de turbulences, depuis l’introduction par le gouvernement de directives inutiles sur la liberté d’expression, jusqu’aux compressions du RAFEO pour les étudiants en plus d’une réduction de 10 % des frais de scolarité qui retranchent plus de 350 millions de dollars du système, en passant par l’introduction récente dans le budget du financement soi-disant lié au rendement, à raison de 60 % des budgets de fonctionnement de nos établissements.

Le motif manifeste de toutes ces mesures est l’intrusion du gouvernement dans l’autonomie de nos établissements. Il ne s’agit pas uniquement d’un problème budgétaire ni d’un désagrément politique, il s’agit d’une attaque directe contre l’objectif sociétal des universités et contre ce qui en fait des établissements sociaux efficaces et uniques qui s’attaquent aux problèmes culturels, économiques et sociaux les plus pressants auxquels fait face la population ontarienne. Les principes de la titularisation, de la liberté universitaire et de la gouvernance collégiale ne sont pas des avantages de l’emploi, mais plutôt l’élément vital de toute université moderne et la garantie réelle et bien vivante que les universités demeurent autonomes à l’égard des intérêts de l’État et privés.

Regrettablement, nous voyons ces consultations comme la dernière attaque par le gouvernement contre l’autonomie des universités et contre les professeurs d’université. À l’instar de la plupart des politiques du gouvernement jusqu’à maintenant, c’est une solution réellement manipulatrice et cynique en quête d’un problème. En plus de notre mandat législatif et sociétal unique, il est important de noter que le gouvernement de l’Ontario ne finance actuellement que 35 % de nos budgets de fonctionnement. En outre, comme bien d’autres dans le secteur public, nos règlements monétaires ont à peine tenu le rythme de l’inflation et le financement de fonctionnement pour les universités ne correspond aucunement à l’inflation. Les salaires dans notre secteur sont bien en deçà des règlements du secteur privé au cours des dernières années et la législation en matière de salaire ne servirait qu’à miner les relations de négociation éprouvées. Faire porter le blâme aux professeurs et aux autres travailleurs du secteur public pour les défis financiers de l’Ontario n’est qu’un processus du bouc émissaire sans fondement. En théorie et en pratique, le gouvernement de l’Ontario n’est pas notre employeur et la négociation centralisée prévue par la loi serait non seulement contre-productive, mais elle déstabiliserait les relations de travail dans notre secteur et minerait la souplesse, la collaboration et la créativité de la négociation collective dans un secteur qui se veut diversifié et complexe. Le gouvernement ne donne aucun motif raisonnable à savoir pourquoi la déstabilisation de nos relations de travail dans un secteur qui fonctionne assez bien aidera le gouvernement dans sa présumée « crise financière ».

En plus de nos objections pragmatiques, nous avons une objection de principe contre le fait que le gouvernement mine le droit des professeurs des universités à une négociation collective libre et équitable. Dans la première étape décisive du renversement de la trilogie syndicale dominante, la Cour suprême saisit avec élégance les enjeux de ces consultations :

Le droit de négocier collectivement avec l’employeur favorise la dignité humaine, la liberté et l’autonomie des travailleurs en leur donnant l’occasion d’exercer une influence sur l’adoption des règles régissant leur milieu de travail et, de ce fait, d’exercer un certain contrôle sur un aspect d’importance majeure de leur vie, à savoir leur travail… La négociation collective ne constitue pas simplement un moyen de poursuivre des fins extrinsèques… Elle est plutôt intrinsèquement valable comme expérience en matière d’autonomie.

Nous souhaitons participer à toute conversation qui fait que la négociation collective est plus efficace et efficiente. Cependant, notre participation aujourd’hui est fondée sur plusieurs principes fondamentaux :

  1. La négociation à l’échelle du secteur est inappropriée pour nos membres, tant du point de vue législatif que culturel. Chacun de nos établissements membres est unique d’une perspective régionale, pédagogique, de la recherche et des ressources. Une approche uniformisée de la négociation est une non-solution destructrice à un problème que le gouvernement n’a pas formulé.
  2. Notre participation aujourd’hui ne signifie nullement que nous sommes d’accord avec les prémisses ou les justifications que le gouvernement exposera aujourd’hui.

Comme la plupart des autres qui ont participé à ce processus, nous présumons que ces discussions ne sont qu’une formalité et qu’elles serviront de prétexte pour imposer des contraintes législatives à la négociation. J’ajouterai que notre participation aujourd’hui ne limite en rien notre droit de contester juridiquement le projet de loi une fois qu’il aura été déposé. Nous voyons peu de preuves que le gouvernement actuel de l’Ontario s’intéresse réellement à la protection des valeurs sociétales intrinsèquement précieuses comme la négociation collective libre et équitable; cependant, nous sommes disposés à être convaincus du contraire à mesure que se déroulent ces consultations.

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